Notre psychisme est entièrement dominé par la violence soutenait Freud en 1933. Dans sa dimension symbolique, d’abord, il est en effet indéniable, autant du point de vue de la religion, de la mythologie ou de tous rituels primitifs, que le conflit et la violence font partie intégrante du sacré, c’est-à-dire du sacrifice, soutenant la castration et fondateur du lien social.
Interroger les concepts fondamentaux de la psychanalyse (OEdipe, narcisse, stade du miroir, pulsion de mort, sadisme) c’est réaffirmer que la violence se fait d’abord entendre dans la réalité psychique, pour se faire ensuite reconnaître dans la réalité sociale. Cette perspective seule éclaire la violence qui se trame dans notre vie quotidienne. Mais pour entendre ce dont parle notre propre violence, il faut d’abord se faire violence : c’est ce qu’enseigne la psychanalyse.
Cet ouvrage collectif et pluridisciplinaire est une contribution psychanalytique et juridique à l’énigme de la violence et de sa psychologie. Par-delà toute orientation universitaire, il s’adresse à tout lecteur puisque l’énigme est d’abord une énonciation à la recherche de son énoncé.

INTRODUCTION - « Notre vie spirituelle est entièrement dominée par le conflit »... par la violence !, par Christophe BORMANS, psychanalyste. Le conflit, la violence
Violence et hérédité des névroses
Présentation des textes
PARTIE I - Psychanalyse de la violence
1. Genèse de la violence et violence de la Genèse : « Au commencement était l’acte », par Christophe BORMANS, psychanalyste. Introduction
L’instant du regard : le crime de Caïn
Le temps du regard
Le refoulement
Le signifiant
Le temps pour comprendre : la chute du paradis terrestre
« Faisons l’homme à notre image » (Genèse 1,26)
« Eros, celui qui rompt les membres » (Hésiode)
L’enfant caché de la Genèse
« Où es-tu ? »
L’ablactation ou la chute du paradis terrestre
Le moment de conclure : le fratricide stade du miroir
L’imago maternelle
Du « fort-da » à l’enfant battu
Conclusion
2. La violence dans la mythologie grecque, par Guy MASSAT, psychanalyste. Introduction
Chaos : la violence du vide
Violence des trois premières personnes : elles se montrent sans se démontrer
Violence de la Terre-mère :la possession
Violence du Ciel-père : la vendetta
La violence d’Eros : « celui qui rompt les membres »
La violence de l’ombre ou « les terribles enfants de la nuit »
La violence du temps et de son âge d’or
La violence de Zeus : la vie comme coup de foudre
Conclusion
3. Sacrifice et violence, par Isabelle NORMAND-LE BOURSICAUD, psychologue-psychanalyste. Introduction
Totem et Tabou : une vérité structurelle et psychique
Sacrifice, castration et lien social
Conclusion
4. La violence et le sacré : Freud contre Girard, par Christophe BORMANS, psychanalyste. Introduction
René Girard : « Rejeter tout ce que la psychanalyse préserve et préserver tout ce qu’elle rejette »
Le meurtre du père
Girard sauveur de Freud
« L’erreur, c’est le père et la psychanalyse »
L’ironie de René Girard
Jacques Lacan : le complexe d’Œdipe revisité
Le sacrifice ou la violence du fantasme fondamental
L’Alchimie ou le feu du désir maternel
Conclusion
5. Sade et la violence sexuelle, par Sophie CADALEN, psychanalyste.
6. Violence et complexe de Jocaste, par Paul PAPAHAGI, psychanalytste. Introduction
Colette, jouissance licencieuse ou jouissance silencieuse ?
Premier argument - le roman de Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
Deuxième argument - la pulsion de mort selon Marguerite Duras
Conclusion
7. La violence chez Mélanie Klein : des reflets de la vie pulsionnelle infantile au miroir de la violence sociale, par Hélène HESSEL, psychologue-psychanalyste. Introduction
Malaise dans le principe de plaisir
Un ange devient déchu
Devant être détruit, devant être réparé
L’objet ne tombe pas toujours bien
Premières prédations
Sur la route des tueurs
Conclusion - Avouer la mort pour rendre la vie
8. « Quel est l’être...? » - OEdipe face à l’énigme de la violence, par Christophe BORMANS, psychanalyste. Introduction
Le complexe d’OEdipe
Surmoi et idéal du moi
« Moi idéal » et « stade du miroir »
Violence clinique : « Moi qui me traîne et m’éparpille » (Aragon)
« Quel est lettre... ? »
Conclusion

PARTIE II - Réel de la violence, imaginaire social et symbolique juridique
1. La sociologie face à la problématique de la violence, par Sylvain CRÉPON, sociologue. Introduction
L’empreinte des philosophes des Lumières
La violence comme objet sociologique
Violence et normes sociales
La « violence légitime » dans le processus de civilisation
La violence dans les sociétés industrielles
La sociologie urbaine face aux recrudescences de la violence
Les problématiques contemporaines
Violence symbolique et violence contre les personnes
La violence comme concept critique
Le schéma marxiste
La violence symbolique de Pierre Bourdieu
Conclusion
2. Violence et adolescence : au fil du tag, par Anne TASSEL, psychanalyste et maître de Conférence à l’Université de Paris 7 - Denis Diderot. Introduction
Culture hip-hop : un contexte
Urbanité du tag
Limites et expérience de la toute-puissance subjective
Spécularité d’un fantasme d’auto-engendrement
Une traumatothérapie
Fascination organique de l’image
Une pulsion composite
Un plus d’espace
Conclusion
3. Violence et nouveaux rituels : à propos de Jackass, par Jean-Yves RAFFORT, psychanalyste. Introduction
Les rituels
Jackass : l’émission
Jackass : l’imitation
Interview
Synthèse
Conclusion
4. Une nouvelle forme de violence : les viols collectifs, par Tessa TRAVASSAC, juriste. Introduction
Les causes du passage à l’acte criminel
Expertises psychiatriques des accusés
Les causes socioculturelles du passage à l’acte criminel
Le passage à l’acte et ses conséquences
Le passage à l’acte
Conséquences sur les victimes
Comment enrayer ce phénomène ?
Conclusion
5. Le terrorisme du XXIe siècle ou la privatisation de la violence collective, par Guillaume le FOYER de COSTIL, avocat au barreau de Paris. Introduction
Le terrorisme moderne naît de la prohibition de la violence étatique
Le terrorisme institutionnalisé par sa réprobation et sa répression
La réprobation morale
La reconnaissance juridique du terrorisme
Conclusion
6. Violence et savoir, par Agnès SOFIYANA, enseignante. Introduction
Aptitude à la vie civilisée
Un éveil de l’éducation
L’impossibilité d’éduquer
Le transfert éducatif
L’énigme du désir de savoir
Interférence de la lettre dans le savoir
Conclusion
7. Violence du parricide, par Anne PIGEON-BORMANS, avocat au barreau de Paris. Qu’est ce que le parricide ?
Le parricide : thème des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature
Qu’est ce qu’un père ?
Que veut le parricide ?
2002 : année parricide
Que veut le parricide ?
CONCLUSION - Du « bon usage » de la violence, par Guy MASSAT, psychanalyste.
ANNEXE Bibliographie générale

C. BORMANS & G. MASSAT
(sous la direction de)
Psychologie de la violence
Éd. Studyrama, Paris, 2005
(255 pages)
Prix : 18,91 €
(Livraison gratuite)